D'abord, merci de m'inviter en aussi bonne compagnie!
Je m'appelle David Bosman, j'ai 41 ans. Je suis Belge, je vis et je travaille à Paris depuis dix ans, comme auteur et comme éditeur de manuels informatiques. J'ai également créé et dirigé un magazine photo et un magazine Mac, qui poursuivent leur vie sans moi.
Quelle est l’histoire de ton blog ? Peux tu nous le présenter ?
C'est un blog personnel. Disons qu'on (les lecteurs et moi, dans une bonne ambiance et avec le sérieux qui a fait la réputation des Belges) y cause surtout Apple, technologie, écriture, des questions de société, science-fiction, aussi un peu de cinéma, de photo (presque plus, en fait) et de GNU/Linux. On y échange aussi des trucs et astuces.
C'est aussi l'endroit où je râle, sur tout et n'importe quoi. J'aime bien râler. Et faire de mauvais jeux de mots.
Même si les premiers billets remontent à 2003 ou 2004, il n'est vraiment né que début 2010 : suite à un gros changement professionnel, j'ai décidé de m'investir plus sérieusement sur le blog qui, d'un coup, était devenu le seul moyen pour moi de continuer à "parler Mac" publiquement.
Quelle importance ce blog a-t-il pris pour toi au fil du temps ?
Beaucoup. Comme je disais, c'est le seul moyen qui me reste pour parler "Mac" en public.
Mais ce n'est pas ça le plus important : le blog est surtout une agréable façon de dialoguer avec d'autres blogueurs (par blogs interposés) et avec les lecteurs (via les commentaires ou par email).
"Dialoguer", ne voulant pas forcément dire "être d'accord" : nous avons parfois des échanges… intenses ;)
Les rencontres et les discussions c'est tellement stimulant, surtout quand on prend le temps de les laisser se développer (certaines durent depuis quelques années, certaines sont très récentes : j'en ai entamé une pas plus tard que cet après-midi, dont j'espère de tout coeur qu'elle va grandir et durer). Dans mon travail d'auteur et de rédacteur en chef, j'ai toujours préféré dialoguer (apprendre ensemble) plutôt que professer (faire la leçon). Tout le monde n'aime pas ça, ça ne fait pas assez sérieux, mais je ne compte pas changer. C'est plus sympa et, autant que je puisse juger, plus efficace comme ça.
J'aimerais pouvoir consacrer plus de temps au blog.
Comment est-ce que tu développes la visibilité et le référencement de ton blog aujourd’hui ?
Franchement ? Je m'en fiche.
Je signale certains billets sur Twitter, c'est tout. Pour le reste, je compte sur les lecteurs et sur le bouche à oreille. De temps en temps, certains des "gros" sites Mac (pour les citer : Macgénération et Mac4Ever), ou d'autres blogs, et les copains, relayent un de mes billets. Bien entendu, ça aide mais, même si je l'apprécie à sa juste valeur, je n'écris pas pour ça. Et ça reste exceptionnel.
Pour moi, tous ces trucs de SEO, ce sont des conneries du niveau des petites annonces des marabouts — mais des marabouts en costume cravate et qui farcissent leurs incantations d'acronymes en anglais pour faire sérieux — qui vous promettent de vous réconcilier avec votre amour perdu ou de vous faire réussir vos examens en buvant de l'urine d'âne, ou de retrouver votre iPhone volé en égorgeant un poulet un soir de pleine Lune, en récitant la formule magique hakuna matata.
OK, j'exagère, mais pas tant que ça. Si vous avez quelque chose d'intéressant à dire ou à vendre, vous trouverez votre public (ou, plutôt, c'est lui qui vous trouvera). Sinon, à quoi bon chercher un public et lui faire perdre son temps à lire un truc vide ? C'est pas sympa du tout.
Et si ce que j'écris ne rentre pas dans les petites cases de Google ou de Bing, tant pis pour Google et Bing : c'est juste la preuve qu'ils ne sont pas aussi bons qu'ils le prétendent et que le relais humain (le bouche à oreille) est toujours le plus important pour faire circuler une information qui ne soit pas préformatée ;)
Un jeune projet web qui a retenu ton attention.
La jeunesse n'est pas une condition requise pour entreprendre des choses intéressantes et être âgé n'est pas une tare mais, sinon, je suis un fan inconditionnel de Instapaper qui a changé ma façon de consommer le Web.
Instapaper, c'est la possibilité de se créer un magazine sur mesure, en choisissant les sources librement et, surtout, les auteurs que l'on apprécie. Durant la semaine, où j'ai relativement peu le temps de lire tranquillement, j'accumule les billets qui m'intéressent, pour les lire sur l'iPad le WE (ou sur le Mac). C'est "mon" magazine idéal, qui parle des sujets qui m'intéressent et donne uniquement la parole aux auteurs que j'apprécie, et pas aux autres. Note que, avec cette approche du "je ne lis que ce que j'aime déjà", il y a un grand risque de ne plus découvrir de nouveaux auteurs ou de nouveaux centres d'intérêt, ce qui serait catastrophique. En clair, c'est au lecteur de faire le travail normalement révolu au rédacteur en chef : dénicher de nouveaux talents et de nouveaux sujets. Être curieux, quoi.
J'aime aussi beaucoup Twitter qui n'essaye de pas de devenir un réseau à tout faire. Contrairement à la tendance holistique de Facebook ou de Google+, envers lesquels je ne cache pas mon inquiétude et mon hostilité. Twitter a su (pour l'instant ?) se limiter, j'apprécie ça.
As tu une activité en parallèle de ton activité de blogueur?
Mon travail salarié. C'est le blog qui est vient en parallèle de cette activité.
Un modèle d’entrepreneur?
Je pourrais te citer Steve Jobs, mais David, de MacBrains, et d'autres l'ont fait avant moi. Et puis entreprendre, ce n'est pas que créer des entreprises ou révolutionner l'informatique personnelle (bisou, les trolls anti-Apple) en amassant des milliards au passage. Entreprendre, c'est faire ou créer quelque chose. Même petit (petit comparé à une multinationale comme Apple, je veux dire). Par exemple, écrire un roman ou tourner un film. Permets-moi donc de citer le romancier JG Ballard ou le réalisateur Stanley Kubrick comme des "entrepreneurs" que j'admire, parmi tous ceux et toutes celles dont je pourrais citer les noms en bavant d'admiration… et de jalousie.
Tiens, je vais aussi citer Tolkien, un autre romancier. Pourtant, je n'aime pas, mais alors pas du tout ce qu'il a écrit, mais il n'est pas nécessaire d'aimer quelque chose pour en apprécier la qualité : je suis sidéré par l'immensité de ce qu'il a fait. Je veux dire, mine de rien, ce mec a créé de toutes pièces un univers complet, dans lequel on peut entrer se balader, explorer dans les moindres recoins, voire même y passer sa vie… pour peu que l'on accepte de jouer le jeu. C'est gigantesque et incroyablement minutieux à la fois. Mais, franchement, le texte m'ennuie : je suis plus intéressé par les personnages et leurs relations, ou par les questions de société, que par la couleur du mobilier ou le nombre exact d'assiettes rangées dans un placard ;)
As tu une expérience du E-commerce ?
Oui.
Ton/Tes site préféré(s) ?
Il y a ma blogroll, bien entendu : Anthony Nelzin, Arnaud Jourdain, Astronomy Picture of the Day, Cuk.ch, Everyday Matters, Geekunivers, Klakinoumi, La grange, Macbrains, Minimalmac, Nicolinux, Serial Serveur et Writing Excuses (ce dernier est un podcast d'auteurs qui parlent, 15 minutes durant, de questions d'écriture, souvent en déconnant),…Et quelques autres encore, qui n'y figurent pas.
Si je devais en recommander deux qui ne sont pas (pas encore) dans la blogroll :
"This isn't happiness" pour la variété des images publiées jour après jour. Toujours surprenant et très stimulant.
"Urbanbike". Un site inclassable qui est aussi bordélique que le mien (c'est un compliment, hein, pas une critique !) et passionnant : Apple, Mac, iPad, geekeries, écriture, bosser à domicile (le webmaster a publié un livre sur la question), photo, vélo, etc. Tu pourrais y passer des heures sans jamais avoir l'impression de t'emmerder. Et puis, c'est valable pour la plupart des blogs dont je suis un fidèle lecteur, il y a le ton bien spécifique de son (ses) auteur(s) et le désir de ne pas se prendre trop au sérieux (sans pour autant raconter n'importe quoi). C'est tout bon.
Les blogs que tu lis toutes les semaines ?
Aucun/tous : leur rythme de publication est variable. Ainsi que mon rythme de lecture.
Il serait plus juste de dire qu'il y a des blogs dont je lis presque tous les billets, parce que j'apprécie l'auteur, que je sois d'accord avec lui ou pas, peu importe s'il y a un billet ou cent par semaine, mais je ne les lis pas forcément tout de suite. Et puis il y a des sites que je vais lire uniquement quand tel ou tel auteur que j'apprécie y publie quelque chose, ou lorsque le sujet m'intéresse vraiment. Dans tous les cas, je ne me sens aucune obligation de lire tout ce que publient les sites auxquels je suis abonné. Et j'espère que personne ne sent obligé de lire tout ce que j'écris.
Il y aussi tous les sites que je choisi de ne pas lire. Ça semble con à dire, mais c'est aussi important que le choix de ceux que l'on va lire : le temps est une chose bien trop précieuse pour le gaspiller, par exemple, sur des suceurs de roue qui ne font que (mal) répéter ce que d'autres disent (bien) ailleurs. Même remarque pour ceux qui n'ont tout simplement rien à dire. Cela peut sembler méchant ou méprisant mais je m'en fiche : j'ai mieux à faire et mieux à lire et, encore une fois, personne au monde ne pourra me rendre le temps que j'aurai perdu à essayer d'avoir l'air gentil, en lisant tout ce qui se fait.
En plus de ma blogroll et des deux sites mentionnés plus haut, je citerai : Daring Fireball, mais j'y picore de façon assez irrégulière, la plupart des blogs du réseau "Read and Trust" qui se sont fédérés autour de MinimalMac, Shawn Blanc, 52 Tiger. Zenhabits, même si tous les billets ne se valent pas, quand Babauta est en forme il fait beaucoup de bien à lire. Il y a aussi les sites de Merlin Mann, qui me semble être un un bonhomme sacrément intéressant, que j'aimerais rencontrer autour d'une bière ou d'un thé, pour discuter de tout et de rien.
Pour sortir du rayon "geeks" (quoique…): Cory Doctorow, Frederik Pohl ou Charles Stross et les blogs Bad Astronomy (http://blogs.discovermagazine.com/badastronomy/) ou Big Think (http://bigthink.com/).
Etc. Le Web est si riche de gens intéressants ! Mon flux RSS n'est en réalité pas une façon de me tenir au courant de l'actualité (pour ça, il y a Twitter et les emails de lecteurs qui me signalent ce qui leur semble intéressant : il n'y a pas plus efficace), c'est plus un club virtuel dans lequel je suis certain de toujours rencontrer des gens cools avec qui discuter ou m'amuser… par articles interposés.
Faudrait que je publie la liste de mes abonnements, ce serait plus simple. Je le ferai un de ces quatre, on me le demande de temps en temps.
Avec l’ascension des nouveaux médias sociaux tel que Facebook, penses tu que le blog a encore de belles années devant lui ?
Tant que des auteur(e)s auront des choses intéressantes à dire et qu'ils le diront sur un blog, le blog aura un avenir.
L'intérêt des blogs n'est pas d'être nouveau ou à la mode. C'est de répondre à un besoin : faciliter la publication d'un certain type de contenu qui n'a pas sa place ailleurs — trop long pour les réseaux sociaux, trop court (ou pas adapté) pour un livre. Ou, pour l'auteur, de garder le contrôle absolu de ce qu'il publie (s'il héberge son propre blog).
Puisque j'en parle, j'insiste sur le mot auteur : je ne "blogue" pas, je suis l'auteur d'un blog, comme je suis l'auteur de livres ou d'articles dans des magazines. Ca peut paraître capilosécater, mais c'est important : le blog n'est pas une sous publication, et le blogueur n'est pas un sous auteur, contrairement à ce que pensent certains fossiles, pas forcément vieux, pour qui la seule vraie "publication" doit être imprimée sur du papier. Bien entendu, être "un auteur" ne signifie pas être un "bon auteur" : je laisse à chacun le soin de décider si ce que j'écris vaut la peine d'être lu ou pas, c'est une autre question ;)
Une petite citation pour finir ?
Elle est de Benjamin Franklin, elle est cachée depuis des années quelque part sur mon site :
"Those who would give up Essential Liberty to purchase a little Temporary Safety, deserve neither Liberty nor Safety."
Qui pourrait se traduire par :
"Ceux qui sont prêt à abandonner leur liberté fondamentale pour s'assurer d'une sécurité provisoire, ne méritent ni la liberté, ni la sécurité."
Elle prend tout son sens dans notre société où l'on a tellement peur de tout et de tout le monde — et même peur du lendemain — à tel point que l'on est prêt à sacrifier tous nos droits les plus essentiels, et nos rêves, pour des miettes d'une illusoire sécurité et tranquillité. D'ailleurs, je pense que moi aussi je ferai bien de méditer un peu plus sérieusement cette citation…
Merci encore d’avoir prit le temps de répondre à mes questions !
Merci encore à toi de m'avoir invité. Et merci à tes lecteurs qui auront tout lu jusqu'au bout. Euh ? Hého ? il y a quelqu'un qui y est arrivé jusqu'ici ? ;)
Oui, moi :)
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